Union Hydra

Chapitre 1

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La première carte distribuée était un Six de pic.

« SpacePara... Tu as une carte de merde, à une table de merde, dans un bar de merde, essayant de réparer, en vain, un vaisseau de merde, pour décoller, enfin de cette station de merde », me dis-je.

Tout le monde reçu sa première carte.

Puis, il me donna un second Six, de Trèfle. Le flop n'était même pas sur la table que la mise était déjà de 2 550 UEC, de quoi réparer ce qui me sert d'épave volante et quitter ce port spatial pourri sur lequel j'avais passé bien trop de temps. Comme quoi être Mercenaire solitaire n'était pas si fructueux.

Le Flop tomba tel une fleur au beau milieu de tous ces blocs de métal froids. Un Roi de Pic, un As de Carreau et un Six de Cœur. Le mien battait si fort...

bar

Je me voyais déjà dans le Cosmos commençant une nouvelle histoire, l'Histoire de ma vie peut être. Loin de ces cinq types avec qui j'entourais cette table de poker. Rien était joué et les deux tours de mise suffisaient pour atteindre les 5 000 UEC à présent.

Puis la Turn tomba comme une pierre sur la table, laissant un léger sourire sur le visage du type en face de moi. Un certain Boeing de passage dans le coin, qui avait pour réputation d'être le meilleur Mercenaire des limites de l'UE. Bref, je voyais déjà la minable rançon de mon dernier contrat dans la poche de ce mec. Un Roi de Cœur fut donc déposé sur la table, le mien était en mode auto-destruction.

La porte du Bar miteux où nous nous trouvions claqua si fort que tout le monde se retourna... Sauf nous six bien sur.

Il me restait 1 230 UEC, de quoi largement noyer ma colère dans l'alcool. Mais dans une once de courage et un maximum de connerie je réenchéris impulsivement 1 000 crédits de plus pour faire peur à mes camarades de jeux... Ne surtout pas faire apparaître la débilité qui venait de m'envahir.

Un premier abandonna la partie... Puis deux... Le troisième et quatrième en même temps... Puis... Puis rien... Non bien sur mon fameux « Super Mercenaire » était toujours debout.

En dix minutes j'étais passé de la liberté à la prison, et ce deux fois. Je me voyais déjà en train de remuer les glaçons accoudé au comptoir.

Puis la River tomba, le sacre de ma délivrance sur ce caillou dégueulasse tenu par la Mafia locale et transformé en bordel, réalisé par un simple Six de Carreau. Le « Super Mercenaire » déposa un brelan de Roi sourire en coin. Quant à moi, je délectais ma grande victoire un canon à neutron délicatement posé au niveau de ma nuque. Je sentais le froid de l'acier descendre le long de ma colonne vertébrale.

Je reconnu rapidement le frère de mon fameux dernier contrat que j'étais en train de dépenser sur cette table, se présentant devant moi d'un air particulièrement mécontent. Le même air que mon « Super Mercenaire » que je venais de dépouiller, mais qui avait aussi posé son doigt sur la gâchette de son blaster. Pour moi peut être... Enfin... Pour moi encore...

Cette pensée défila en trois secondes, le temps à mon voisin de gauche, que j'avais complètement oublié, de désarmer l'homme de main qui me tenait en joug et à celui de droite de me faire basculer de ma chaise, de manière à éviter une éventuelle balle perdue.

En me relevant le plus doucement possible, je découvris une situation très critique pour l'endroit. Mes cinq joueurs et moi même, debout, au milieu du bar, le Chef Mafieux en joug par Boeing. Entouré, bien entendu, par une trentaine d'hommes de main de ce dernier, plus tous ceux qui verront un intérêt à descendre six inconnus sans raison apparente. De quoi laisser 7 000 UEC sur la table...

Une voix retentit soudainement dans toute la pièce :

« Sanawaru, enchanté messieurs. La dernière personne qui m'a dérangé dans une partie de poker a fini avec la même gueule que ce qu'on vous sert à bouffer dans ce bordel »

Le ton était donc donné.

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Nous avancions doucement, tous les sept, à travers la salle, le canon de Boeing dans la bouche du Chef de tout ce beau monde. Instinctivement nous formions un cercle, protégeant mutuellement nos arrières. Comme si cette scène avait été répétée.

Ils nous suivirent tous, jusqu'à l'extérieur du bar, puis s'arrêtèrent en haut des escaliers qui surplombaient la placette où nous nous trouvions. L'accueil était si chaleureux que même les terrasses alentours se garnissaient d'hommes armés. Mais nous continuions à avancer vers la large passerelle située à l'opposé, en direction de la zone de décollage.

Soudain, alors que nous passions proche d'une minuscule impasse, l'un de nous en profita pour s'y faufiler et s'échapper de ce merdier funeste qui nous attendait. Nous nous arrêtions quelques secondes, nous regardions et continuions mais bien moins fiers.

« Moi c'est Fredrick, enchanté. Croyez moi, Fr3disnotdead ne nous lâchera pas ! » lança t-il comme si tout était organisé depuis des semaines. Certains hommes de main de notre otage en rigolaient.

Nous avancions toujours et avions entamé la progression sur la passerelle donnant sur la zone de décollage, toujours d'un pas lent, doux, assuré, affûté mais en ligne de mire de ces tueurs. Nos nombreux ennemis suivirent, bien entendu. Le seul bruit que l'on entendait était celui de la passerelle qui craquait sous le poids de tout ce monde.

« Humm, on va avoir un problème... Et moi c'est Mizier » dit-il sans forcément être effrayé plus que ça. Un second groupe d'une quinzaine d'hommes s'était formé de l'autre côté de la passerelle nous prenant en étau. Nous étions à l'arrêt... Et en réflexion...

« C'est pas tellement ce que j'avais prévu pour aujourd'hui. Désolé de vous avoir embarqué la dedans. » dis je dans ma sombre et dernière minute.

« J'aime découvrir de nouveaux horizons, rencontrer des gens si accueillants, discuter avec eux, apprendre à les connaître un blaster dans la bouche...» ironisa Sanawaru.

« Relâchez notre homme ! » envoya le second de notre Mafieux.

« Et après on va tous se péter une bière à côté... C'est ça ? » répondit Mizier.

« Mourir en buvant une bière... Mon rêve... Dommage j'ai pas très soif tout de suite. » dit Boeing, son otage sous le bras.

D'une voix calme et posée Fredrick lança« La patience messieurs, la patience... ».

A peine avait-il finit sa phrase, qu'une énorme explosion survint du bar que nous venions de quitter. L'onde de choque détruisit les structures alentours et nous coucha tous au sol. Le silence était bel et bien rompu.

Au même moment nous pouvions apercevoir un Constellation Phoenix passer à travers les flammes et se diriger vers nous tout en arrosant le groupe d'ennemis en tête de passerelle. Tous les yeux et les armes visant le vaisseau, nous en profitions pour prendre de front le second groupe d'hommes de l'autre côté, moins nombreux.

 
histoire2

Tout en tirant et en courant vers la zone de décollage Fredrick cria « La patience messieurs, la patience ! » et ce sous le feu.

Le Constellation tournoyait au dessus de nous en arrosant toute la zone, tout en entamant sa descente, le pont inférieur grand ouvert. Toujours en cercle et tirant dans tous les sens nous attendions le bon moment pour grimper à bord, sous le feu nourrit.

Tout à coup, une seconde et bien plus importante explosion retentit. Fr3disnotdead venait de toucher la réserve d'hydrogène de la zone de décollage de la station. Celle-ci fût si forte que pendant l'espace de quelques secondes, plus personne ne tira. C'était le moment qu'attendait Fredrick pour crier : « Maintenant ! ». Et tout le monde sauta sur le pont qui commença aussitôt à se refermer. Les tirs reprirent à ce moment là. Mais nous étions déjà à couvert.

A peine le pont totalement fermé, Boeing s'empressa d'attacher notre otage à la l'échelle, pendant que Fredrick rejoignit en courant son poste de Co-Pilote auprès de Fr3disnotdead. Instinctivement Sanawaru et Mizier prirent les commandes des tourelles supérieures et inférieures du vaisseau et ouvrirent le feu sans attendre. Et moi qui cherchais une solution pour sortir de cette station devenue instable, sur l'écran de contrôle situé derrière le poste de pilotage :

« J'ai réussi à pirater le système de commande pour l'ouverture du sas de la station, grâce au mouchard que j'y avais installé pour mes missions perso... Mais ça ne marche pas ! »

« L'explosion de la réserve d'hydrogène a due endommager le système hydraulique » suggéra Fr3disnotdead, « Nous allons passer au plan B ».

« Ahh parce qu'il y avait un plan A ? » hurla Mizier toujours en allumant l'intérieur de la station dans tous les sens.

Sanawaru faisant de même, envoya « A, B ou C j'ai pas une bonne nouvelle ! ».

A ce moment, l'interface holographique du vaisseau passa de bleue à rouge, annonçant que nous venions d'être lockés pas un missile.

Sans hésitation Fredrick lança une série de leurres. Avec un peu de chance et sans aucune volonté, il venait de mettre le feu à tout le bâtiment où se trouvait le lance missile et par la même occasion tua son utilisateur.

« Parfait ! C'est exactement ce qu'il me fallait » cria Sanawaru, continuant son massacre, sans même savoir sur quoi il tirait tellement il y avait de fumée et de flammes à présent.

« C'est fini ce cirque ! Sors nous de ce bordel maintenant. La station est complètement instable, ça va nous péter à la gueule si on continu! » insista Boeing en arrivant au poste de pilote.

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Fr3disnotdead répliqua « Bah voilà, c'est ça le plan B... Mizier ? »

« Ouep l'ami ! » répondit-il.

« Tu es à la tourelle supérieure ! Défonce moi ce putain de sas ! »

« Ça va tuer tout le monde dans la station, le bouclier n'est pas actif ! » cria ce dernier.

« C'est notre seule chance ! » confirma t-il.

« Amen ! » renchérit Mizier, qui continua avec un tir soutenu sur le sas d'accès à la station.

Quelques tires de canon à neutron suffirent pour faire exploser le sas vers l'intérieur, qui s'arracha en une fraction de seconde vers l'extérieur pour ensuite dériver dans l'espace. Au même moment le froid glacial du Cosmos s'engouffrait dans cette dernière tuant tous ceux qui n'avaient pas d'équipement individuel avec réserve d'oxygène. A cet instant, un silence et un calme soudain s'était répandu dans toute la station. Aucun tire, aucunes fumées, les feux étaient tous éteints et pas mal de cadavres flottaient autour du vaisseau. Tout était à l'arrêt et figé. 

Les deux aux tourelles revinrent au poste de pilotage. Nous étions tous là, tous les six. Je pouvais ressentir une certaine routine de travail autour de moi, déstabilisante, mais qui me donna d'autres perspectives pour la fameuse « Histoire de ma vie ».

« Bien bossé les gars, j'ai envie d'vous dire!!! » souffla discrètement Sanawaru laissant présager une future coopération.

D'un ton lasse, répétitif et désabusé, Mizier balança : « Au fait, j'ai oublié de vous dire... Votre fréro de la véga là... Sur la ceinture de Kallis... Il est à 666 000 UEC... Mort ».

Un silence envahit le vaisseau. Nous nous regardions mutuellement trouvant ceci correcte.

Puis il termina par : « Et 7 Million 650 Mille UEC... Vif ».

Un Constellation Phoenix sortit d'une station en partie détruite, des impactes de balles sur tout le fuselage, et une marchandise de choix dans la soute.

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Je m'appelle SpacePara et l'Histoire de ma vie commençait...

 

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